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Paul Schrader et Nicolas Cage ne veulent pas que vous alliez voir leur film tout en respectant les clauses du contrat!

C’est un drame vieux comme Hollywood : le réalisateur se voit arracher son film par des producteurs qui le dénaturent. Une variante contemporaine veut que les cinéastes soient désormais obligés de souffrir en silence, comme les y force une clause de non-dénigrement figurant dans leur contrat.

Si vous voulez en connaître la rédaction exacte, il suffit de lire le texte qui orne les t-shirts de Paul Schrader, le réalisateur, Nicolas Cage et Anton Yelchin, les acteurs, et Nicolas Winding Refn, le producteur exécutif de The Dying of the Light.

VERSION REMONTÉE

Aux termes de cette clause, « aucune publicité diffusée par l’artiste ou le bailleur, qu’elle soit de nature personnelle ou autre, ne contiendra de mentions dénigrant la société, le film, ou les services des artistes ou d’autres personnes liées au film ».Ce qui interdit au réalisateur et aux comédiens de dire tout le mal qu’ils pensent de ce film qui arborera fièrement leurs noms au générique. Ils se sont donc photographiés vêtus de cette clause, pour signifier leur désapprobation face à la sortie sur les écrans d’une version du film qui a été montée et mixée sans l’accord de Schrader.

The Dying of the Light n’est pourtant pas une œuvre de commande. Paul Schrader en a écrit le scénario en 2010 (il a un certain métier en la matière, prouvé dès sesdébuts, lorsque Martin Scorsese a porté à l’écran le script de Taxi Driver). Comme le raconte Variety, l’un des titres de référence de la presse hollywoodienne, le scénario a d’abord attiré l’attention de Nicolas Winding Refn qui a envisagé deconfier le rôle principal à Harrison Ford avant de se fâcher avec lui. Schrader ayant manifesté le désir de diriger lui-même le film, Winding Refn a accepté d’endevenir le producteur exécutif « uniquement pour aider Paul Schrader dans la mesure de mes moyens », a expliqué le réalisateur danois.

SUGGESTIONS DES FINANCIERS

L’auteur de Blue Collar a tourné sans encombre The Dying of the Light, qui raconte la traque d’un terroriste par un agent de la CIA atteint de démence fronto-temporale. Nicolas Cage en tient le rôle principal, entouré d’Anton Yelchin et d’Irène Jacob. C’est lorsque le cinéaste a soumis un premier montage aux financiers que ses ennuis ont commencé. Variety énumère la liste des sociétés qui ont estimé que le film ne pouvait sortir sous cette forme et ont proposé leurs notes : les producteur d’Over and Under ; la compagnie financière TinRes Entertainment (établie aux Bahamas) ; le vendeur international Red Granite et le distributeur américain Grindstone Entertainment (une filiale de la mini-major Lionsgate).

Paul Schrader a estimé que les suggestions amicales de ces amoureux ducinéma étaient incompatibles avec sa vision du film. Après avoir soumis une seconde version, qui ne s’écartait pas beaucoup de la première, il a laissé The Dying of the Light aux mains de ses propriétaires, qui s’apprêtent à sortir leur propre montage et ont déjà mis en ligne leur bande annonce.

Reste que le cinéaste n’est pas un novice de la guérilla contre les studios. Il a perdu l’une des batailles les plus fameuses de ce conflit il y a dix ans, lorsque le studio Morgan Creek lui a retiré le prequel de L’Exorciste pour le confier à Renny Harlin. Sur sa page Facebook, par le biais de la photographie ci-dessus, très largement diffusée, Schrader contourne la clause de non-dénigrement en laissant la parole à ceux qui estiment qu’un film a un auteur et que les droits de celui-ci priment sur ceux des financiers.

Iurisma via lemonde

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