Un consensus pour la consolidation de la sécurité sociale
Le renforcement de la sécurité sociale dépend principalement de son financement (1). Cependant, l’un des moyens fondamentaux pour la consolidation de son financement, notamment dans les sociétés en voie de vieillissement, est d’adopter de nouvelles politiques pour faire face aux problèmes de chômage et par la suite augmenter l’emploi (2).
1-L’adaptation des modes de financement :
Pour le renforcement de la sécurité sociale, il faut, avant tout, faire face aux problèmes qui affectent en grande partie son financement. C’est ce qu’on constate d’ailleurs, vu que la majorité des systèmes actuels de financement de la protection sociale sont confrontés à de grands défis dont l’un d’eux est le vieillissement de la population et qui constitue un très grand souci.
Ce problème se pose presque dans tous les pays, mais son pourcentage est beaucoup plus élevé dans les pays en développement dont la population vieillie plus rapidement.
Le vieillissement de la population est présenté souvent comme facteur clef pour le financement des systèmes de transferts sociaux. En revanche, il ne posera un problème majeur que si les sociétés qui connaissent un vieillissement rapide ne parviennent pas à maîtriser le taux global de dépendance sociale.
D’ailleurs, plusieurs pays ont optés pour la privatisation de leurs systèmes de pension et leur financement par capitalisation comme moyen de prévenir une crise de vieillissement dans le financement de la sécurité sociale. Toutefois, ces mécanismes se sont avérés inefficaces et ont même créé de nouveaux problèmes, Exemple : coûts de gestion élevés des fonds de gestion de pensions privées.
Pour le règlement de ce problème, certains pays, notamment les pays européens où le processus de vieillissement en est à un stade relativement avancé, ont même procédé, d’une part, au relèvement de l’âge de la retraite, et d’autre part, à l’augmentation du taux d’activité des femmes.
Une société en phase de vieillissement n’est donc pas toujours condamnée à la crise pour autant qu’elle parvienne à fournir des emplois à des travailleurs toujours plus âgés. Pour cela, il faut augmenter les investissements jusque là consacrés à la santé par le biais de la protection pour que la population puisse rester en bonne santé jusqu’à un âge avancé et devrait donc être capable de travailler plus longtemps.
Les régimes de travail devraient donc apporter une certaine souplesse dans la mesure où ils devraient permettre aux travailleurs qui ont des enfants ou qui ont atteint un âge avancé, de bénéficier d’aménagement adapté à leurs besoins tout au long de leur vie professionnelle.
Ce problème ne doit plus être considéré comme une menace mettant forcément en péril de système de sécurité sociale, mais plutôt comme un défi pour les politiques économiques et sociales et pour le marché du travail.
Le vieillissement de la population se voit fortement lié à la propagation des pandémies, vue que dans plusieurs payés en développement, notamment en Afrique Sub-saharienne, la pandémie du VIH/SIDA, a sur tous les plans, des conséquences catastrophiques pour la société.
Ces conséquences sont particulièrement graves pour l’assiette financière du système de sécurité sociale, car les victimes se concentrent dans les tranches d’âges actives.
D’ailleurs, plusieurs représentants gouvernementaux des pays africains, ont déclaré qu’il était bien moins un problème pour leurs régimes de sécurité sociale que ne l’est le VIH/SIDA. Pour eux, cette pandémie exerce une pression sur le financement des régimes et menace certains fonds de pensions dans leur existence. Ce genre de crise appelle une réaction plus rapide par le biais de l’intensification des recherches et par le renforcement de l’assistance technique. Il est donc urgent d’entreprendre des recherches sur les incidences de ces maladies sur le financement de la sécurité sociale.
On peut déduire, que l’emploi est une composante importante de la sécurité sociale, parce que c’est par le biais de l’emploi qu’on peut assurer une meilleure protection, donc assurer sa création demeure le meilleur moyen de maîtriser les coûts de financement des pensions dans le contexte du vieillissement de la population, ce qui relève principalement des efforts déployés par l’état en matière d’emploi.
2-Une implication plus forte de l’Etat
L’état a également, un rôle indispensable dans la consolidation de la sécurité sociale et ce, par son intervention dans le domaine de l’emploi.
D’abord, il convient de préciser que rien n’assure mieux la sécurité sociale des travailleurs que le développement économique et la création d’emplois, deux conditions sans lesquelles il n’est pas possible de financer des prestations suffisantes.
Jusqu’à présent, les transformations économiques et sociales ont accéléré la marginalisation d’une partie de la main d’œuvre. Dans les pays développés, la sécurité de l’emploi diminue, ce qui laisse augmenter le nombre des travailleurs à temps partiel et les travailleurs occasionnels.
Egalement, dans les pays en développement, on observe des taux élevés de chômage et beaucoup de travailleurs du secteur informel exercent des activités non réglementées, dépourvues de sécurité et qui ne leur fournissent qu’un maigre revenu, ce qui laisse entendre qu’on ne pourrait demander aux pauvres de même à ceux qui n’ont aucun revenu d’assurer eux-mêmes la protection en puisant dans leurs ressources limitées.
En principe, un système bien planifié en matière de chômage ne peut exister que si son financement est garanti, l’état doit par exemple :
1/ Garantir des fonds assurant aux travailleurs licenciés à la suite d’une faillite, la réception des indemnités qui leur sont dues.
2/ Créer un fonds d’assurance de chômage offrant aux travailleurs une plus grande sécurité de revenu, ainsi il doit fournir un revenu de remplacement suffisant aux personnes sans emplois à condition de mettre en place des mécanismes pour diminuer les abus.
On constate même, qu’il y a une tendance à réduire la prestation de chômage au motif que leur montant dissuade les gens de rechercher du travail, même si les groupes de travailleurs rejettent cet argument, dans la mesure où certains pays qui offrent des prestations relativement généreuses ont de faibles taux de chômage, alors que d’autres où les prestations sont faibles, connaissent un fort taux de chômage.
En revanche, il n’est pas possible d’appliquer un modèle uniforme à l’élaboration des régimes de chômage, il faut prendre en compte les circonstances propres à chaque pays, vu que es nombreux pays en développement qui ont de vastes besoins et des ressources limitées considèrent que le versement de prestations en espèce aux chômeurs est irréaliste, ce qui pousse l’état à prévenir d’autres approches envisageables, à savoir une politique active du marché du travail pour venir en aide aux chômeurs.
Ce qui amène à déduire, que l’indemnisation n’est pas toujours la seule réponse au chômage, l’état doit plutôt se focaliser sur la prévention des programmes d’emploi à forte intensité de main d’œuvre pour procurer des emplois assurant la survie de personnels qui, autrement auraient été au chômage. Ce qui laisse croire qu’en fin de compte, ce problème ne peut être réglé qu’en créant des emplois et en préparant les chômeurs à retourner à la vie active.
L’état doit donc mettre en place des programmes permettant aux chômeurs de bénéficier d’une formation professionnelle et d’une expérience de travail qui leur permettent d’améliorer leurs qualifications ainsi que leurs chances de retrouver rapidement un emploi.
Ces programmes ne devraient pas simplement proposer un emploi à court terme, mais être aussi l’occasion de se préparer à un futur emploi.
Un large consensus est apparu autour de l’idée, que les mesures de soutien du revenu ne sont pas à elles seules suffisantes et que la meilleure protection contre le chômage c’est la politique d’emploi active qui en sont le complément nécessaire.
Ainsi, les mesures de soutien de revenus, ne devraient servir en fait, que les personnes qui ont définitivement quitté les rangs de la population active sous forme de prestations de longue durée, exemple : ceux qui ont quitté les rangs du fait d’une incapacité...etc. Comme elles doivent servir à ceux qui sont temporairement sans travail pour le remplacement de leurs revenus, exemple : pour cause d’accident ou de chômage...etc., mais sous forme de prestations à courte durée.
L’état doit également se pencher sur les besoins particuliers des personnes atteintes d’un handicap afin de faciliter leur retour à l’emploi.
Les prestations de chômage sont un élément essentiel d’un système complet de sécurité sociale, mais leur conception n’est pas chose facile, car elles doivent fournir un revenu de remplacement suffisant aux personnes sans emploi et sans créer de dépendance propre à décourager la recherche d’un nouvel emploi.
Toutefois, garantir un travail décent suppose une approche à volets multiples (créations d’emplois, éducation, formation, recyclage), programmes qui se voient souvent confronter à des problèmes de financement).
Laila Guerimej
Nada Cheraibi